David Raison vient de remporter la Transat 6,50 sur son voilier révolutionnaire TeamWork Evolution. Son innovation et son audace, tant en terme de navigation que de développement technique lui ont permis de réaliser cet exploit qui fera date dans le monde de la course au large.
David Raison a avalé les 3120 milles de cette seconde étape entre Salvador de Bahia en 17 jours, 6 heures et 13 minutes, à la vitesse moyenne 7,53 nœuds. Le skipper Lorientais a franchi la ligne d’arrivée dans la baie de tous les saints à 18h43 TU, en milieu d’après-midi heure locale. Il ravit par ailleurs d’une vingtaine de minutes le record de l’étape établi par Yves Le Blévec en 2007, en 17 jours, 06 heures et 36 minutes.
David Raison qui a pris les commandes de la régate peu avant les îles du Cap Vert a réalisé une course exemplaire, et n’a pratiquement plus été inquiété après le passage du pot au noir. Raison s’impose avec plus de 130 milles d’avance sur son poursuivant direct Thomas Normand, et environ 330 milles sur le gros du peloton. Il n’a fait que creuser l’écart depuis son entrée dans l’Alizé du Sud-Est, exploitant au maximum l’extraordinaire potentiel de son TeamWork Evolution. Le voilier aux nez arrondi, particulièrement performant au bon-plein (allure située entre 60 et 90° du lit du vent) a en effet marché près de 1 nœud plus vite que ses concurrents lors de cette descente vers l’arrivée.
« Quand j’ai vu que j’étais en tête à la sortie du pot au noir, je me suis dit : Elle est pour toi, fait pas de conneries, tombe pas à l’eau et casse pas le bateau » a déclaré David Raison juste après avoir mis le pied à terre. « J’avais même les deux pieds sur le frein dans certaines conditions, tellement le bateau tapait. J’ai un peu plus dormi cette nuit, j’ai fait ce qu’il fallait pour être bien aujourd’hui, je ne voulais pas me planter à l’arrivée. Pour ma quatrième transat, mon dernier objectif était d’arriver avant la tombée du jour. Voir Bahia sous le soleil et pour pouvoir manger un bon morceau de viande au resto ce soir c’est vraiment génial. »
Revenant sur sa stratégie, David Raison a encore confié : « J’ai fait un vraiment bateau rapide et exceptionnel qui permet de gommer les éventuelles erreurs stratégiques. Mais comme la partie entre la sortie du pot au noir et l’arrivée me réussit toujours assez bien, j’ai en plus fait une belle course de ce point de vue. Avec l’expérience de 2001 et 2003, j’avais quelques schémas qui m’ont permis de creuser l’écart. Mes maîtres mots ont été rigueur et discipline tout au long de l’épreuve et ça a vraiment payé. »
Avec cette victoire, David Raison renoue avec l’esprit de la classe mini qui se veut un véritable laboratoire de la course au large. Plusieurs systèmes couramment utilisés aujourd’hui, comme les quilles pendulaires ou les mâts carbones ont été développés sur cette épreuve. Nul ne sait si la prochaine génération de 60 pieds IMOCA sera influencée par ce dessin, mais il est évident que le concept risque de faire tache d’huile dans d’autres classes, et chez les prochains minis.
Denis Hugues, le directeur de course observe cette victoire sans étonnement. « David ne sort pas de nulle part, on le connaît depuis longtemps sur le circuit et dans le milieu de la course au large. Il a travaillé, et il a fait ce qu’il fallait pour réussir. »
Philippe Rey-Gorrez, le président de TeamWork s’est déplacé de Genève pour accueillir le vainqueur. « Nous étions déjà venus pour la victoire d’étape d’Alex Pella qui portait nos couleurs en 2005. C’est toujours un moment merveilleux et cette fois ci le bonheur est total. Nous sommes bien-sûr ravis d’avoir participé à ce succès qui récompense une démarche remarquable et audacieuse. Nous attendons maintenant l’arrivée d’Etienne David qui court également sous notre logo. L’objectif pour sa première transat en solitaire de figurer dans le top 10 semble largement atteignable. Il se bat dans le second peloton, et peut faire un beau résultat après sa 4ème place à Funchal. Nous continuerons à participer à la transat 6.50 car l’esprit de tous y est magnifique »
Etienne David est actuellement à 340 milles de l’arrivée, en 7ème position, à quelques milles du 5ème. Le groupe constitué de Jorg Riechers, Guillaume le Brec, Lucas Schroder, Lucas Montagne et Etienne Bertrand est attendu mardi après-midi en fonction de la météo.